Découvrez la passionnante Histoire des Hôpitaux Civils de Colmar :
un lieu emblématique qui a traversé les siècles.
d’après Michel Rogez
L’empereur du Saint-Empire romain germanique, Frédéric Barberousse, confirme à Hermann von Argon, évêque de Constance,.la possession d’un grand nombre de biens en Alsace, parmi lesquels le Niederhof décrit comme « curtim dominicalen cum hospitali in Columbaria »,.autrement dit une cour domaniale avec un hôpital à Colmar.
Pour mettre fin à un différend qui opposait les citoyens de Colmar d’une part, au noble chevalier Henri de Blienschwiller de l’autre, à propos de certaines propriétés foncières sises au ban de Woffenheim, les deux parties s’entendent pour attribuer les dits biens en toute propriété et pour l’éternité à l’hôpital du Saint-Esprit de Colmar. Le parchemin faisant foi a été retrouvé en 1604, scellé dans un mur de l’établissement.
Pour répondre à une requête formulée par la communauté des frères de l’hôpital des pauvres de Colmar, le cardinal Pierre, légat du Pape de passage en Alsace, leur accorde un bref par lequel il exhorte les fidèles du diocèse de Bâle à « semer sur terrre ce qu’ils espèrent récolter dans les cieux », les encourageant à combler d’aumônes et de dons leurs frères pauvres et déshérités recueillis dans cet hôpital.
Berthold de Ferrette, prince-évêque du diocèse de Bâle, consacre la chapelle de l’hôpital des pauvres, sous un certain nombre de conditions restrictives pour éviter que le chapitre de l’église paroissiale Saint Martin ne soit lésé par l’ouverture d’un lieu de culte supplémentaire
L’empereur Rodolphe de Habsbourg place l’hôpital de Colmar sous sa protection personnelle et sous celle du Saint-Empire et lui accorde les mêmes droits que ceux dont jouit l’hôpital de Strasbourg.
Mais comme le souverain omet de préciser la nature de ces privilèges, il ne reste aux colmariens que de s’en enquérir auprès des strasbourgeois eux-mêmes.
Le 17 avril 1288, frère Rodolphe, « humble ministre » et la communauté des frères de l’hôpital Saint-Léonard de Strasbourg font connaître que tous les biens de leur établissement sont, de droit, placés sous la protection de l’empire ; que nul ne peut priver l’hôpital de l’usage des voies publiques, de l’eau, ni du droit de pâture ; enfin qu’il y a peine d’anathème contre tous ceux qui dépouilleraient l’hôpital d’une part de ses biens, ou les détourneraient de leur destination de bienfaisance.
De leur côté, les chevaliers Lucas von Eckversheim et Hugo Rigelin, administrateurs, répondent au nom de la ville de Strasbourg, le vendredi avant la Saint-Georges, 23 avril 1288. Ils évoquent essentiellement le droit d’asile dont jouit leur maison, précisent qu’aucun juge ne peut saisir les biens déposés par un bourgeois en cette enceinte et qu’aucun des frères hospitaliers ne saurait être traduit devant un tribunal séculier.
« Curtim dominicalem cum hospitali in Columbaria »
tiré de Mémoire Hospitalière – Hors série N°6 – Novembre 2005
On évoque le souvenir du sieur Pierre, ancien chapelain de l’hôpital.
Mais, cette année là, les odeurs putrides qui émanent du petit cimetière de l’hôpital incommodent tant le voisinage au point que le Magistrat de la ville n’a d’autre possibilité que d’ordonner sa fermeture et son transfert extra muros : ainsi serait né le cimetière Sainte-Anne (actuelle place Haslinger).
« Petite chronique des cimetières colmariens »
&
« Mourir jadis à l’hôpital »
tirés de Mémoire Hospitalière – Hors-série N° 9 – Novembre 2010
Le Conseil de la ville arrête que seuls les colmariens peuvent être admis pensionnaires à l’hôpital.
La corporation des boulangers achète la jouissance d’un lit à l’hôpital. Celui-ci sera réservé aux compagnons de la confrérie qui tomberaient malade lors de leur séjour à Colmar. Ils y seront reçus, nourris, soignés gratuitement et l’un de leurs confrères leur rendra visite au quotidien.
Une sorte de contrat d’assurance sociale avant l’heure.
Notons qu’au fil des siècles de nombreuses autres confréries suivront l’exemple des boulangers et ce jusqu’au 18ème siècle.
« das alte Rothbuch », nous trouvons ceux du Spitalmeister, le maître de l’hôpital, de la sage-femme et du barbier-chirurgien.
Christen Ysenlohner est reçu pensionnaire à l’hôpital pour y exercer les fonctions de prêtre. Son contrat lui prescrit, entre autres, de tenir un certain nombre de registres…
Et nous voici déjà en 1541, lorsque sévit à Colmar cette effroyable peste qui tue 3 500 personnes, y compris tous les moines du couvent des franciscains, à l’exception de Jacob Einfalt, le père gardien alors détaché comme prédicateur auprès de l’évêque de Wurtzbourg.
Le Magistrat colmarien aura beau tenter de faire repeupler ce couvent désert, rien n’y fera et après de longues tractations avec le supérieur de l’ordre des franciscains, les administrateurs de l’hôpital parviendront à acquérir l’ensemble du couvent et de ses possessions pour en faire leur nouvel hôpital.
Il y demeurera pendant près de quatre siècles, jusqu’en 1937.
Mais là début une autre histoire, à laquelle nous nous intéresseront un peu plus tard…
« L’affaire de la vente du couvent des franciscains »
tiré de Mémoire Hospitalière – Hors série N° 11 – Octobre 2014
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